Ballade Nocturne [PV Yuki]

Invité

Itsuki était assis dans une des grandes salles vides que comptait cet endroit. Son visage était dans ses bras, il avait envie de dormir.

C'était ça la mort ? Aussi fatiguant que la vie. Lui qui avait autant observé la mort, parfois de manière perverse, collectionnant les armes de crimes, les morceaux des cadavres. Il a pu finalement tuer Morino, et cela devrait le satisfaire, mais pourtant...

"A quoi bon observer la mort dans la mort ? Morino, elle me manque presque..."

Il faisait froid ici. Un froid que seul l'ennui vous procure, un froid intérieur, voilà ce que ressentait Itsuki à ce moment.

Je sais même pas si je voulais mourir, alors qu'est ce que je fous là ?

Un jeu, une occupation, quelqu'un pour lui redonner l'envie de "vivre" ici.
Il consentit à dormir, mais finalement il se réveilla presque instantanément.

"Bon sang, on peut même pas dormir..."

Il se leva, et au moment ou il rangea la chaise sous la table, son regard froid se posa sur une fille au bout de la salle...

Il la regardait, sans savoir quoi dire, avec le même air froid et détaché qu'elle arborait.

"Salut."

Invité

Les étoiles s'allumaient une à une dans le ciel. Chacune tentait de se rendre plus brillante que celle qui se trouvait juste à côté. Une sorte de combat céleste que les humains étaient incapables de discerner. On aurait pu croire que toutes tentaient d'attirer l'attention de la lune qui semblait les ignorer superbement.
Il n'y avait, en effet, aucun doute à émettre sur le fait que c'était la plus brillante, la plus belle. L'argent qui semblait l'illuminer de l'intérieur était de loin le plus beau. Pourquoi devait-elle regarder ces minuscules étoiles qui étaient incapables de montrer leur véritable beauté aux habitants de la Terre parce qu'elles étaient trop éloignées ?

La Terre... Était-elle vraiment sur la Terre ? Peut-être que ce monde où ne vont que les suicidés se situait dans un univers parallèle. Peut-être que le suicide déclenchait quelque chose de plus qu'une mort naturelle et que ça leur permettait d'accéder à cette école. "Permettait" ? Ça les obligeait plutôt.
Elle secoua la tête, chassant les brins d'herbe qui s'étaient accumulés dans ses cheveux et se releva. Elle jeta un dernier regard à la voûte céleste avant de franchir les deux portes de ce qui constituait, le pensait-elle, sa prison.

Elle erra au hasard des couloirs, ne sachant pas vraiment où aller. Elle ne voulait pas retourner aux dortoirs de peur de trouver un des deux crétins (qu'elle ne connaissait pas encore et ne souhaitait pas connaître) qui lui servait de colocataire et ne disposait pas d'un pouvoir qui aurait pu lui permettre de lui indiquer une salle vide dans ce labyrinthe.
Ses pas finirent cependant par la conduire dans la salle commune qui était vide. Aucun imbécile pour venir l’embêter avec des pensées stupides ou pour tenter de lui parler, du moins, le croyait-elle… À peine quelques instants après s’être assise dans un fauteuil, une chaise racla le sol dans un bruit sourd. Ne tournant même pas la tête, Yuki tenta d’ignorer l’intrus, mais elle eut droit à un flot de pensées – principalement des questions – sur la mort et sur une certaine Morino. L’inconnu ne tarda d’ailleurs pas à parler à haute voix, de toute évidence pas gêné le moins du monde par sa présence.
Apparemment, il essaya vainement de s’endormir pour tuer le temps et Yuki se demanda s’il était stupide. On ne dormait pas sur commande. Elle cessa ensuite bêtement et simplement de s’intéresser à lui et ses yeux, qui n’avaient pas quitté le livre posé sur ses genoux, reprirent leur lecture.

Ce ne fut qu’au nouveau raclement de la chaise et à la voix masculine qui suivit de très près ce son qu’elle se rappela de la présence de l’inconnu dans la salle. Probablement qu’il était nouveau et qu’il cherchait à se faire des amis. Ce n’était pas elle qui allait l’aider à agrandir son cercle de relations.
Elle se contenta de faire comme si elle n’avait rien entendu, continuant sa lecture, sachant très bien que la patience des gens s’usait facilement lorsqu’on ne leurs répondait pas. Il partirait très probablement, soit avec une injure, soit dans un silence froid, ou encore avec un regard noir, ces expressions haineuses l'amusant plus que ne la froissant.

Invité

Même morts, les gens continuent à se comporter de la même façon, à ignorer les autres et à jouer leur petit rôle insignifiant. C'est probablement la source de ma folie. La folie qui a tué Morino. Non, elle s'est tuée toute seule. Elle savait ce qui allait lui arriver, moi, je ne savais pas ce qui allait m'arriver, je ne savais pas que je finirai ici.

Son attention se recentra sur la jeune fille. Glacée, c'était le mot qui pouvait le mieux la décrire. Rester ici, seule, dans un endroit où tout le monde pouvait venir la voir. Etrange ? Plus rien ne pouvait le surprendre. D'ailleurs, ces longs cheveux noirs et cette peau de porcelaine étaient-ils une coïncidence, ou le fruit du hasard ? Ou une provocation, lui rappelant son crime ? Néanmoins, quand il alla s'asseoir dans le fauteuil libre en face d'elle, il distingua le tatouage sur son cou.
Il l'observa pendant quelques minutes. Le hasard ? Non, il n'y croyait pas.

"Dis moi, je ne veux pas te déranger dans ta lecture, même si tu ne m'as pas l'air fascinée par les chaleureuses discussions."

Bien qu'il semblait parler dans le vide, il gardait tout son calme et ni ses yeux ni le ton de sa voix n'avaient déviés de son air froid et placide. Comment pouvait-il exister une fille semblable à Morino dans un endroit pareil ? Froide, calme, comme de la neige...

"Yuki, c'est bien ça ? Nous sommes dans la même chambre, avec un dénommé Tony, je crois."

Puis il mit son coude sur l'addossoir et sa tête dans sa main, ses yeux se plongeaient dans le regard vide d'attention de Yuki. Même si celle-ci semblait écouter.

"Comment es-tu morte ?"

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