Falaise de haut vol [PV Adaru]

Les maontagnes. Immenses, coiffées de blanc et chapeautées de nuages. Superbes, mais dangeureuses. Ashura en avait conscience, seulement comme il ne lui était jamais rien arrivé lors de ses balades en montagne, elle avait laissé ses inquiètudes de côté.

L'endroit où elle menait Adaru était une sorte de promontoire rocheux planté juste au-dessus d'un à-pic vertigineux. Il était situé juste sous les premières zones enneigées, bien que la température ne soit pas beaucoup plus chaude que zéro. Ashura se posa délicatement sur le bord du précipice, puis s'assit en laissant ses jambes pendre dans le vide. elle adorait la vue qui s'étendait jusqu'aux confins des plaines, laissant apperçevoir une grande masse verte en arrière-plan : la forêt. La ville était un peu en retrait par rapport aux montagnes, sorte d'amas de points plus ou moins colorés.

La jeune fille tourna la tête vers Adaru au bruit de battements d'ailes. Il arrivait enfin, et bien que ses débuts dans les airs n'aient pas été fantastiques, il se débrouillait à présent plutôt bien. Ashura lui fit un signe du bras pour qu'il voit où elle s'était posée. L'autre main maintenait Flidira, toujours assoupie.

Ashura baissa la tête.

"En attendant, les trois autres clans ne pensent qu'à faire la guerre. Déjà entre Hisoka et Cleyi, c'est tendu, mais alors quand les démons s'y mettent ça devient infernal. Il y a au moins une dizaine de combats tous les jours, et pas des rencontre amicales. Si ça ne s'arrète pas une bonne fois pour toute, on va y replonger dans la guerre..."

Elle secoua la tête pour chasser ses pensées tristes. Le paysage au-dessous d'elle lui redonna confiance. Il était impossible que toute cette vie disparaisse un jour. Du moins, elle essayait de s'en convaincre, chose ardue quand on a connu la destruction et la peur.

Elle retrouva un début de sourire en sentant le vent la pousser de côté. En altitude, les bourrasques étaient monnaie courrante. Il fallait juste éviter de se laisser emporter par elles vers le bord de la falaise, sans quoi la chute serait rude. Elle remarqua :

"Tu devrais garder tes ailes, juste au cas où. Ca m'est déjà arrivé de tomber, et j'ai bien failli me rompre le cou ce jour là. Le temps de les faire réapparaitre..."

Alors qu'elle disait cela, elle entendit un choc énorme juste derrière eux, puis le promontoire trembla. Inquiète, elle se retourna juste à temps pour appercevoir une grosse mains griffue, à moitié couverte de poils blancs, se tendre vers elle. les yeux rond de stupeur, elle eut le reflexe de s'écarter, et elle put voir que l'énorme main appartenait à une masse de muscles recouverts d'une fourrure blanchâtre et élimée.

"Un troll des glaces..."

Elle avait murmuré comme si elle n'y croyait pas. C'était la première fois qu'elle voyait ce genre de bestiole, et elle resta un instant sans savoir quoi faire. Le troll, lui, se releva, regarda autour de lui, et gronda sourdement en direction des humains, une expression de joie mélée d'envie de meurtre passa sur ses traits hideux.

"Non ! Pas par là ! C''est un cul de sac !"

Ashura avait crié contre le vent qui battait à présent le promontoire d'énormes rafales. Elle n'était pas sûre qu'Adaru ait entendu. de toute manière, l'endroit où ils étaient était inaccessible sans ailes, et cela voulait aussi dire qu'on ne pouvait pas en partir... à moins de tomber dans le vide.

*Bon sang ! Si seulement j'avais agit au lieu de rester plantée là bêtement !*

Elle se releva rapidement, étendit ses ailes pour s'envoler. Une rafale plus violente que les autres la plaqua contre la roche. Pas moyen de décoller avec ce vent ! Et si elle ne pouvait pas, ce serait impossible qu'Adaru réussisse.

*Mais qu'est-ce que j'avais en tête en venant ici ? Il sait à peine voler et je l'amène déjà là où c'est difficile de repartir ! Je mériterai des baffes !*

Elle ne pouvait pas laisser Adaru seul face à ce troll, et même si elle avait voulu, décoller était trop dangeureux dans ces conditions. Flidira serrée contre elle, elle se mit à courir derrière le monstre. Elle n'avait aucune chance face à pareille créature, pas d'arme, surement aps les capacités physiques nécessaires. Mais elle avait mieux que des muscles.

Alors que le troll continuait sa course, il vit soudain surgir entre lui et sa proie une paroi rocheuse en tous points semblable à celles d'à côté. Il ne freina même pas, passant au travers. Ashura se mordit la langue. Quelle imbécile elle faisait ! Cette créature chassait ses proie à l'odorat et à l'ouie ! Elle voyait à peine ce qui se dressait sur son chemin, son illusion n'avait pas du avoir grand effet !

Alors elle tenta autre chose. Il était sensible de l'ouie ? Il allait voir... Elle se concentra deux minutes, puis lâcha son illusion sonore, un ultrason puissance max dirigé directement dans les oreilles du troll. L'animal se prit la tête à deux pattes, hurlant de douleur, du sang s'écoulant de ses oreilles poilues. Ashura se permit un regard victorieux... qu'elle quitta bien vite. le monstre s'était relevé, et il semblait encore plus furieux qu'au début.

Et cette fois-ci, c'était elle qu'il visait.

Ashura resta figée de stupeur pendant quelques secondes.

*Comment ça il se relève ?... N'importe quel animal serait déjà évanoui sur le sol, et lui il a rien ?*

Le troll avança vers elle, l'air encore plus furieux qu'avant. Elle recula prudement de deux pas, Flidira toujours serrée contre elle. Le petit familier s'était réveillé, et il tremblait de peur. Ashura se concentra à nouveau, relança un chapelet d'illusions sonores puissance maximale en plein dans les oreilles du monstre. Sans résultat.

*Evidement, il a les tympans explosés... Il ne doit plus rien entendre, ce que je viens de faire est totalement inutile. Le souci c'est que je ne vois pas quoi faire d'autre...*

A grandes enjambées, le troll arriva tout près d'elle, leva une de ses immenses mains griffues... et stoppa net son geste. Il tomba à genoux, sa jambe gauche ne pouvant plus le porter. Derrière lui, Adaru terminait son mouvement alors que la créature hurlait de douleur. Ashura ouvrit de grands yeux.

*D'où est-ce qu'il sort un katana ?*

Mais alors qu'Adaru passait à côté de lui, dans un mouvement plus rapide que ce qu'on aurait cru possible pour une telle masse de chair et de muscles, le troll lui griffa sauvagement le bras. Ashura serra les poings. Il était increvable ce truc !

"On a pas le choix on doit sauter. Vu la masse mon poison ne l'immobilisera pas longtemps, il faut se dépêcher !"

Ashura hocha la tête à l'affirmation d'Adaru. Tant pis, mieux valait essayer de voler plutôt que de rester à attendre que le troll se relève... La jeune fille guetta une accalmie entre deux rafales de vent. Puis, elle serra brièvement la main d'Adaru, ferma les yeux, et sauta.

Il n'y avait qu'un moyen d'en sortir vivant, elle espérait qu'Adaru l'imiterait. D'abord, elle se laissa tomber comme une pierre, la tête la première, tendue vers le fond du précipice qui paraissait se rapprocher à vue d'oeil. Les ailes repliées contre le corps afin d'offrir le moins de prise possible au vent, elle essayait d'atteindre une zone moins exposée aux rafales de vent. Généralement, si le vent soufflait fort en haut des montagnes, il n'y avait qu'une simple brise au niveau du sol.

Quelques centaines de mêtres avant le sol, Ashura ouvrit brusquement ses ailes. Le poids soudain de son corps plus celui d'Adaru tendit ses muscles au maximum. Ashura serra les dents. Il fallait qu'elle résiste, le sol n'était plus qu'à 100m. Finalment, elle se posa en douceur, une main serrée autours de son petit familier qui avait fermé les yeux pendant la chute, et l'autre tenant toujours Adaru. Elle se permit un soupir de soulagement en touchant la terre ferme. Mais elle se souvint de la blessure d'Adaru.

"Ton bras, ça va ?" fit-elle, soucieuse.

Ashura vit le sang goutter petit à petit sur le sol pierreux. Adaru n'avait pas l'air en forme, les yeux fermés, allongé , comme si le simple fait de rester éveillé lui donnait le tournis. Elle sentit dans sa main le poids du flacon.

*Qu'est-ce qu'il a dit déjà ? Terre, potion et rose bleue ? Oui, pétales de rose bleue. Bien, tâchons de trouver ça.*

Elle glissa la fiole dans une poche de sa robe couleur de nuit, regarda autour d'elle pour vérifier qu'aucun autre troll ne s'apprétait à leur tomber dessus, et, rassurée, elle s'éloigna. Flidira lui pépia de ne pas s'inquièter, qu'elle les protègerait si besoin était ! Ashura sourit doucement. Elle savait très bien que son familier tremblait de peur au moindre bruit suspect la nuit. Mais Flidira semblait convaincue de son courage, aussi la jeune fille n'insista pas.

Elle ne mit pas longtemps à trouver les fleurs décrites par Adaru. Rien que leur taille et leur couleur ne les faisaient pas passer inaperçues.

*1...2...3...4... et 5 pétales. Très bien, maintenant une poignée de terre... et demi-tour.*

Elle retourna vers Adaru, toujours allongé.

*A présent, il me faudrait un endroit où mélanger tout ça. Voyons voir... une pierre plate ? Tiens, pourquoi pas.*

Elle y mit les différents ingrédients, hésita un moment avant d'y mettre les doigts pour mélanger en voyant la teinte brûnâtre du liquide, puis haussa les épaules. Tant pis, elle se laverait les mains après, voilà tout...

La pierre à la main et les doigts enduits de liquide collant et d'une couleur peu agréable, elle revint à côté d'Adaru. Ces fleurs avaient des propriétés curatives ? Elle le saurait pour une prochaine fois. Du bout des doigts, elle appliqua le mélange sur la plaie ouverte. Au moins, son odeur était plutôt agréable, pas comme sa teinte... Elle regretta un instant que Ryugi ne soit pas là pour le soigner. Avec sa technique incroyable d'acupuncture, il aurait remit à neuf le bras d'Adaru en moins de deux.

Elle laissa la pierre de côté, reboucha la fiole de potion qu'elle rangea soigneusement, alla se frotter les mains dans le ruisseau proche et attendit qu'il se réveille. Elle n'avait pas grand chose d'autre à faire de toute manière, et elle aussi avait besoin de repos après leur descente sans parachute... Assise contre un rocher, elle s'exerça à créer des illusions, le regard vague.

Ashura ne l'avait pas entendu se lever, aussi quand elle le vit debout devant elle en train de s'excuser, elle effaça son illusion en cours en se leva à son tour. Etonnée, elle le suivit des yeux alors qu'il s'en allait faire un feu.

*Mais qu'est-ce qu'il lui prend...? De quoi est-ce qu'il se sent coupable exactement ?*

Une chose était sûre, elle n'allait pas le laisser seul avec des pensées aussi sombres. Déjà ç'aurait été particulièrement moche de sa part, et en plus Flidira voulait rester avec Adaru. Ashura se doutait que la gentillesse d'Adaru à son égard devait y être pour beaucoup... Flidira était fan de caresses et de calins, ce qu'Ashura n'appréciait pas du tout à l'inverse. Mais bon, elle pouvait difficilement refuser quelque chose à son familier. Et, somme toute, elle aimait bien Adaru.

"Franchement, Adaru, si j'avais voulu partir, je l'aurais fait depuis longtemps." remarqua-t-elle avec une pointe de vexation dans la voix. "Et puis c'est toi qui as à donné le coup de katana, pas moi. Remarque, je devrais peut-être éviter de me promener ici sans arme. Enfin, de toute façon ce serait inutile, je ne saurais pas la manier. Et puis je déteste les armes."

Elle était furieuse qu'Adaru puisse penser qu'elle oserait le laisser là, seul et sans rien, au milieu de nulle part. D'un geste sec, elle ramassa plusieurs bouts de bois, les posa en tas au milieu d'un cercle de pierres et d'un mouvement brusque de la main, enflamma le tas de branches. Puis elle s'assit sur un rocher proche, la mine boudeuse. En voyant que le garçon ne bougeait pas, elle grogna :

"Viens t'asseoir au lieu de rester là. Et arrète de croire que tu gènes, c'est ma faute si on a été ataqués, j'aurais jamais du t'emener là-bas aussi tôt."

Ashura haussa les épaules. Elle s'était un peu emportée, c'était exact, mais la journée avait aussi été difficile. Et à présent, il voulait parler du passé ? La jeune fille n'avait pas envie de se rapeler le passé, il n'y avait rien de bon à ressasser ses souvenirs. A part se faire mal peut-être. Et se remettre les idées en place de temps à autre. Mais la question d'Adaru semblait lui tenir à coeur.

"Bien sûr que j'en ai, des souvenirs. Quoi qu'on fasse, on ne peut pas y échapper. Et même si tu arrives à les oublier, ils reviennent te hanter dans tes rêves."

Elle baissa les yeux sur ses mains nouées, jouant avec ses doigts. La nuit était douce, plutôt agréable après le froid des hauts sommets. En plus, le feu répandait une chaleur non négligeable. C'est peut-être pour cela qu'Ashura se sentait bien sur ce sol caillouteux.

"Tu veux savoir de quoi je me souviens ?" reprit-elle "Du rire de mes amis avant qu'ils ne meurent. Et tous les soirs je revis la même scène. La voiture, le crash, la peur, jusqu'au moindre crissement de métal."

Sa voix avait reprit sa teinte de rancoeur et d'amertume qui lui était coutumière l'année passée.

"Donc tu vois, j'ai des souvenirs, oui, mais pas vraiment ceux que je voudrais."

Elle ne lui avait pas mentionné Rémi. Pas la peine, le dire n'aurait fait que rouvrir la plaie. Elle ne voulait surtout pas qu'on la plaigne et moins encore voir de la pitié sur les yeux de ceux qu'elle croisait. Un seul était au courrant, et c'était déjà trop. Jamais elle n'aurait du se laisser aller devant quelqu'un. Et tout ça, c'était la faute de cette Cleyi et de son stupide cours de magie ! Elle balaya son ressentiment. Pas la peine de se laisser emporter, ça ne servait à rien. Et visiblement, Adaru voulait discuter tranquillement. Depuis tout à l'heure qu'elle était sur les nerfs, elle devait se montrer un peu plus sympathique.

Elle inspira un bon coup, laissa ses soucis au placard et tenta un début de sourire vers Adaru.

"Bref, passons. Et toi ? Des souvenirs particuliers en tête ?"

Adaru voyait qu'Ashura ne se sentait pas bien, bien qu'elle ne laissait rien transparettre. Adaru alla cherché une petite fleur qui se trouvait pres d'eux. Il l'a donna à la jeune fille. Pour Adaru ce genre de geste ne signifiait pas grand chose, il voulait juste un sourire d'Ashura.

"Je ne sais pas ce que tu as vecu aupparavant, des moments tristes surement. Mais si tu pense à toute ces choses, tout comme cette fleur tu te faneras. Alors pense à des choses meilleures. Car l'avenir des Shinigamis qui s'ouvre devant nous....Je le vois parsemé de lumière."

Le petit famillier d'Ashura retournit voir sa maitresse car elle voyait que sa n'allait pas.

*Je n'aurais pas du poser la question* se dit-il.

Puis il se rassit et reflechit un moment :

"Mes souvenirs à moi...En arrivant ici je n'en avais pas. Seulement des flashs qui reviennent certaines fois. Et puis certaines fois je me rememore la mort de ma fée.C'est cette Magicienne qui en ai coupable.."

Il se coupa ne voulant pas finir sa phrase. Puis Il se souvint aussi de ses deux personnes qui était ses parents. Il les avait vu mort, alors qu'il assez jeunes. Mais etrangement , il ne ressentait plus rien.

"Que compte tu faire à present dans ce pays ? Tu as un but precis ?"

Le jeune homme nettoyait sa lame. Tout en regardant le feu qui illuminait le visage de son amie.

Ashura le regarda partir en direction de la ville, son pas se muant en une course rapide. Il semblait s'être parfaitement remis de sa blessure, tant mieux. Elle voulu le suivre, mais pas en courrant, impossible pour elle de rattrapper Adaru, lequel était déjà loin. Du coup, elle attrappa Flidira qui grogna en refusant catégoriquement d'ouvrir les yeux, puis déploya ses ailes noires.

D'une détente, elle se propulsa dans le ciel clair. Elle prit rapidement de la vitesse et rejoignit Adaru en quelques battements d'ailes. En passant au-dessus de lui, elle lui fit un petit signe.

"Si tu retournes à l'école, je te laisse. Moi je vais continuer vers la forêt. J'ai été contente de te rencontrer en tout cas. A un de ces jours !"

Modifiant l'angle de ses ailes, elle pivota sur elle-même. Puis, après un looping en guise d'adieu, elle reprit son vol vers les nuages et la grande masse verte qui s'étendait au loin. Le vent sifflant à ses oreilles, elle ferma les yeux et se laissa porter par les courrants thermiques. Adaru n'était plus qu'un point au sol, et Flidira dormait déjà, soigneusement callée dans la petite saccoche qu'Ashura portait en bandouillère.